CORRIGE HISTOIRE les mémoires de la 2° guerre mondiale

Publié le par jp guillerot

LES MEMOIRES DE LA 2° GUERRE MONDIALE EN France de 1944 à nos jours

SUJET CORRIGE

ANALYSE DU SUJET : 1° Vous devez définir la notion de mémoire comme dans tout sujet et voir ses rapports avec l’histoire.

2° le titre « les » indique plusieurs  mémoires. A vous de les présenter.
3° Le plan : soit un plan thématique qui montre les différentes mémoires : celle des Résistants, celle des Collaborateurs, celle des Juifs et.l’utilisation des mémoires par les politiques…

.ou bien chronologique cad présenté l’évolution des mémoires dominantes de la 2° guerre. C’était le plan du cours et il est simple et de plus il montre comment les mémoires évoluent avec le temps et les circonstances en fonction des groupes qui les portent.

 

CORRIGE

Introduction

La 2° guerre mondiale en France a été une période capitale dans l’histoire de France au XX° siècle. Vaincue par l’Allemagne nazie en un mois et demi au printemps 1940, elle a vu l’arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain (héro de la 1° guerre contre l’Allemagne) qui a accepté l’armistice qui divise la France en 2 : le nord occupé par l’Allemagne et le sud sous l’administration du gouvernement de Vichy. Pétain  qui est nommé légalement va créer un nouveau régime : L’Etat français bien différent de la République et de ses valeurs car il accepte la collaboration avec l’Allemagne ;  établit une législation raciste contre les Juifs et les autorités françaises participeront à la déportation de 75000 juifs de France. Mais dès 1940, le général  de Gaulle, refuse la collaboration et appelle à la Résistance et aussi sur le sol de France des Français décident par eux-mêmes de refuser la victoire de l’Allemagne nazie. Grâce à l’action des Alliés et des résistants, le régime de Vichy tombera en août 1944 et le général de Gaulle deviendra chef du gouvernement provisoire. Période dramatique où des Français collaborateurs ont pourchassé et tué d’autres Français résistants et ont arrêté des Juifs pour les envoyer à la mort, alors que la majorité des Français qui avaient soutenu le  Maréchal Pétain au début soutiendront le général de Gaulle quand la victoire contre l’Allemagne sera évidente.A partir de 1944, les différents acteurs élaboreront des mémoires différentes : soit pour se valoriser  (les Résistants) soit pour se justifier (les collaborateurs), soit pour témoigner de l’horreur (les Juifs survivants de la mort). Mais la mémoire n’est pas l’histoire qui  cherche à atteindre la vérité du passé, sans juger mais en cherchant à comprendre les causes et l’enchaînement des événements, alors que les mémoires des groupes sont peu objectives…car elles ont une vocation de propagande et de défense des intérêts particuliers.

Plan

Nous étudierons d’abord la mémoire « résistancialiste »  (H. Rousso)  qui se met en place dès la Libération jusqu’aux années 60 qui accrédite l’idée que les Français étaient majoritairement résistants , puis à partir de 1970,  la mise à nu de la réalité de la collaboration et du génocide des Juifs impose une révision de la mémoire précédente et dans les années 1990, le travail historique aboutira à une vision plus  juste de cette période mais l’Etat continuera de  développer une mémoire officielle par des lois et des commémorations.

 

 

I.

Après la défaite du gouvernement de Vichy, il était logique que se développe en France une mémoire valorisant les Résistants et minimisant la collaboration. 4 docs étudiés en classe comme exemples (livre Paris délivré par son peuple ; Affiche à la gloire de De Gaulle, affiche  75000 communistes ont été fusillés =votez communiste ; affiche pour le film culte de l’époque : la Bataille du rail ….). La Libération connait une phase d’épuration sauvage qui dénonce ceux qui ont collaboré (femmes tondues, miliciens) avec des exécutions sommaires mais l’épuration judiciaire sera réduite en particulier pour la collaboration économique (sauf Louis Renault) et si Laval fut exécuté le maréchal Pétain fut gracié par De Gaulle. Puis dans les années 50 des lois d’amnistie furent faites pour réconcilier les Français. Ainsi la collaboration fut minimisée et les ex collaborateurs firent peu parler d’eux (en tant que vaincus ils adoptèrent un profil bas), les atrocités allemandes furent  valorisées (ex le massacre d’Oradour sur Glane par une division SS). 

Une mémoire des camps de concentration se met en place par les survivants résistants qui y furent envoyés, mais si des rescapés Juifs des camps d’extermination (2500 sur 75000 déportés) témoignèrent de leur martyre,  l’écho de leurs voix ne fut pas très entendu et certains choisirent d’ailleurs le silence face à la difficulté de témoigner de l’horreur absolue. Largement entretenue par le Parti communiste qui se proclamait le 1° parti de la résistance, cette mémoire résistantialiste fut dynamisée par le retour au pouvoir du gl De Gaulle (le héro de la R Resistance en 1958. Gaullistes et communistes arrivèrent à faire croire que les Français avaient majoritairement soutenu les Résistants et que les les collaborateurs ne représentaient  rien. 2ex étudié en classe : le manuel d’école primaire de 1964 « la majorité des Français refusait d’obéir aux Allemands)….Bien sûr le point culminant de cette mémoire résistancialiste  fut le transfert des cendres de  Jean Moulin au Panthéon. Le plus grand héros de la résistance, envoyé par le gl De Gaulle pour unir les mouvements de résistants fut arrêté et torturé par las Allemands sans parler. Cérémonie grandiose marquée par le discours flamboyant du ministre de la culture, (vidéo en classe) le grand écrivain André Malraux qui faisait de jean Moulin le modèle pour les jeunes français. Mais à la fin des années 60 ce mythe commença à s’effriter raisons : le gl De Gaulle est contesté en 1968 et quitte ensuite le pouvoir et le parti communiste décline.

 

 

II.

Les années 70/80 mirent en lumière l’importance de la collaboration et de la participation  des autorités françaises au génocide. La collaboration est révélée aux Français par un film : « le chagrin et la pitié «  (1971) documentaire dans lequel on entend des résistants mais aussi des collaborateurs et même des Français qui se sont engagés avec les Allemands dans la SS !  Et on voit que beaucoup de Français avaient été passifs, attentistes et non derrière la Résistance comme on essayait de le faire croire. Ainsi ce qui avait été occulté reviens et d’ailleurs le film fut interdit à la télévision ! De même un historien américain Paxton fit paraître en 1973 un livre sur Vichy à partir d’archives donc objectif  dans lequel il montre l’ampleur de la collaboration de Vichy avec les Allemands et prouve ainsi que Vichy n’avait pas protégé les Français en discréditant la théorie du « glaive et du bouclier » : Pétain le bouclier aurait protégé les Français pendant que De Gaulle (le glaive) combattait les Allemands. De plus une plainte est déposée contre le milicien français Paul Touvier pour crime contre l’humanité.

De même, la mémoire du génocide des Juifs est réactivée en partie suite au procès en Israël en 1961 du SS Eichmann responsable de l’organisation de la « solution finale », et des groupes mémoriels juifs obtiennent  un mémorial du génocide à Paris. En 1985, le film Shoah du  cinéaste français Claude Lanzman  sort en salles montant par des témoignages la déportation raciale et les chambres à gaz. Juste après le SS Klaus Barbie enlevé par la France  en Bolivie montre comment il a participé au génocide en France. Ce procès produit un véritable choc dans l’opinion publique française Ainsi au débit des années 90 le mythe resistancialiste a été balayé et maintenant s’ouvre une troisième période dans la quelle se pose la question de la responsabilité de l’Etat français et son intervention dans cette question des Mémoires de la 2° guerre et aussi de la multiplication des groupes mémoriels qui réclament réparation et reconnaissance.

 

 

III.

Comme le nombre de survivants de camps de la mort diminue, de plus en plus d’ouvrages d’auteurs d’extrême droite nient la réalité des chambres à gaz et du génocide et c’est pour cela qu’en 1990 sous la Présidence de F. Mitterrand est votée la loi Gayssot qui pénalise la négation du génocide des Juifs ce qui correspond à une demande de nombre de groupes mémoriels juifs mais beaucoup d'historiens s'opposent à la judiciarisation de l'histoire !

La question de la responsabilité de l’Etat français dans le génocide n’est pas abordée. Jusqu’alors l’attitude des Présidents de la République était calquée sur celle de De Gaulle qui ne reconnaissait aucune légitimé au gouvernement de Vichy et donc aucune responsabilité de la France dans les actes commis par Vichy ; pour lui la France c’était la Résistance.

 

 Mais les procès de deux hauts fonctionnaires français du régime de Vichy  Maurice Papon(1983) et René Bousquet (1991) qui seront aussi inculpés de « crimes contre l’humanité » et d’ailleurs à cette occasion certains historiens donneront leur avis comme « expert » alors que d’autres s’y refuseront poseront clairement la responsabilité de la France. Le président Mitterrand qui fut pétainiste avant d’être un grand résistant se refusera comme le gl De Gaulle à assumer la responsabilité de l’Etat français.

 

Il faudra attendre l’élection de J. Chirac pourtant gaulliste en mai 1995 pour qu’il prononce  quelque mois après , en commémoration de la rafle du Vel d’hiv de juillet 1942 ( plus de 13000 juifs dont 4100 enfants , seuls 100 survécurent dont aucun enfant) par la police française pour être expédiés à Drancy puis dans les camps d’extermination un discours dans le quel il reconnait que l’Etat français a commis des « fautes » et que « La France, patrie des Lumières et des droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour là, accomplissait l’irréparable » (texte étudié en classe). Ce discours représenta donc une rupture fondamentale et il a soulagé les Juifs et les historiens !

La mémoire de la Résistance a été valorisée par le Pt Sarkozy qui dès son élection a voulu présenter comme modèle aux enfants de France le jeune résistant Guy Môquet fusillé à 16 ans pour son appartenance au parti communiste. De même chaque année il effectuait un pèlerinage au plateau des Glières haut lieu de la Résistance(doc étudié en classe) et il s’est situé dans la continuité du Pt Chirac quant à la responsabilité de l’Etat.
François Hollande  lui aussi valorisera cette mémoire en particulier en septembre 2012 lors de l’inauguration d’un mémorial de la Shoah au camp de Drancy lieu de départ pour la mort, il insistera sur le besoin de transmettre pour éviter l’oubli

Des groupes ont obtenus la reconnaissance : les « justes » qui sont des individus ou même un village qui ont tout fait pour sauver des Juifs et l’Etat d’Israël les honore. Les Français d’Alsace-Lorraine qui furent incorporés de force dans l’armée allemande « les malgré-nous » furent considérés comme victimes du nazisme en 2010 ; seuls les Tziganes, victimes du nazisme n’on pas de reconnaissance officielle….

Conclusion

Ainsi on peut dire qu’en  plus de 60 années les mémoires de la seconde guerre mondiale ont évolué : le mythe resistancialiste a vécu, l’Etat français a reconnu sa participation au génocide, les victimes (sauf les Tziganes) ont obtenu reconnaissance et commémoration. Les recherches historiques ont participé à cette évolution et aujourd’hui la question des mémoires de la 2° guerre mondiale semble apaisée.
Espérons que le voyage du Pt Hollande en Algérie (déc. 2012) tendra à apaiser les mémoires vives et opposées sur la guerre d’Algérie dont les blessures sont encore présentes…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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